3.LA FIEVRE

Je n'peux le nier : ne pas avoir de pognon commence vraiment à me peser. Du coup, j'suis contrainte de planter des graines dans l'espoir d'vendre mes récoltes un jour.


J'continue également de pêcher en face de chez moi et j'attrape des grenouilles que j'revends. Par contre mes compétences en cuisine laisse toujours à désirer...


Heureusement c'est mangeable.


Au boulot je n'ménage pas mes efforts, ce qui me vaut une promotion. J'suis maintenant Agent Hospitalier ce qui inclut plus de responsabilités auprès des patients et la possibilité de manipuler de nouveaux joujoux.


Bon j'ai encore un peu d'mal parfois... Mais dans l'ensemble j'me débrouille bien !


Alors que j'm'apprête à rejoindre mon prochain patient, j'suis prise d'un malaise dans le couloir. Nom d'un loup-garou qu'est-ce qui m'arrive ?!


J'espère qu'ils m'ont pas contaminé avec leurs microbes !
Il ne me reste plus qu'à apporter le dîner aux patients et j'pourrais rentrer chez moi. D'ici là peut-être que je me sentirais mieux...


Mais la fièvre est toujours là quand j'arrive sur ma parcelle.


J'décide d'enfiler ma tenue de sport pour aller courir un peu. Me concentrer sur mes foulées m'aidera à décompresser et avec un peu d'chance, je me sentirais mieux à l'arrivée. Malheureusement, je n'suis pas une louve chanceuse...

Mon état ne s'est pas arrangé, au contraire. Je suis à deux doigts de tomber dans les pommes.
Pas le choix, faut que j'appelle Eric. J'ai vraiment pas envie de mourir là tout d'suite... Merde, la fièvre me fait divaguer. Ou p'tete pas ?


- Hey ça ne va pas ?!
Moi qui d'habitude entends le moindre pas en approche je n'ai même pas tilté qu'il y a l'barbu de chez l'institut Pasteur à mes côtés.


- Si si ça va... je marmonne.                                                              
- T'es sûr ?!
J'lui dirais bien de déguerpir mais c'est à ce moment-là que mes jambes, ces traîtresses, choisissent de me lâcher. J'm'attends à chuter lourdement au sol face la première, mais deux bras me retiennent. J'ai juste le temps d'entendre "Pasteur" jurer avant de perdre connaissance.




♦♦♦


J'ouvre péniblement les yeux sous un soleil éblouissant. Qu'est-ce que j'fous encore dans mon lit alors que l'astre lumineux est aussi haut dans le ciel ? J'ai des choses plus importantes à faire que de piquer un roupillon !


J'me redresse un peu trop vivement et le monde se met à tourner.
- Merde !
- Hé là doucement ! dit une voix masculine.
J'lève les yeux pour voir approcher "Pasteur". Aussitôt mon cœur s'emballe.


Attendez... Comment ça il s'emballe ?! Depuis quand ce fichu organe réagissait à la présence de s'barbu ?
- Qu'est-ce que vous fichez ici ?!
- Tu ne te souviens pas ? Tu t'es évanouie.
- Je suis tombée dans les pommes ?!
- Plutôt dans mes bras,mais oui.

C'est vachement un p'tit rigolo celui là...
- Quelle idée de faire un footing avec de la fièvre ! Tiens je t'ai préparé ça, ce sont des plantes qui t'aideront à récupérer plus vite.
Tout me revient en mémoire à l'évocation du footing. Pas ma meilleure idée faut bien l'avouer... "Pasteur" me tend le mug et je jette immédiatement un coup d’œil suspicieux au liquide verdâtre. Amusé, il dit :
- Si je voulais t'empoisonner, je l'aurais fait pendant que t'étais inconsciente. Je tiens à la vie.



Songeant qu'il n'a pas tout à fait tort j'goûte son breuvage, ce qui me permet de cacher le petit sourire qui naissait sur mes lèvres.
- Hmm... C'est pas mauvais !
- Les plantes, y'a que ça d'vrai !
Il se lève mais revient presque aussitôt,une assiette à la main. Il m'avait même préparé un petit repas ?! Bon... Je vais certainement devoir le remercier... Chose pas si simple à accomplir avec ses yeux fixés sur moi. Je me racle la gorge avant de parler.
- Euh... J'voulais t'dire..., employant à mon tour le tutoiement, merci de m'avoir porté jusqu'ici et d'avoir... Pris soin de moi.
Pfiou, c'était sortie ! Et avec un vrai sourire en prime !


- Oh ! Y'a pas de quoi tu sais.
Il a l'air aussi mal à l'aise que moi. Aucune blague en guise de réponse, rien, nada ! J'me concentre donc sur mon assiette et un silence tranquille s'installe entre nous. Seul le bruit de mes couverts qui claque vient combler ce silence. Une fois rassasiée, je prends la parole.
- Bon j'vais me changer, et ne t'avise pas de te rincer l'oeil !
- Tu as ma parole ! Encore une fois, je tiens à la vie.

J'suis pas si diabolique que ça quand même ! Si ?
Levant les yeux au ciel, j'pose mon assiette et pars en quête d'un minimum d'intimité. Une fois satisfaite par ma "cachette" j'entreprends de me débarrasser de mes vêtements en prenant bien mon temps. "Pasteur" m'a bien chamboulé avec ses petites attentions, son regard incisif, et son parfum... Je secoue la tête. Idiote, idiote, idiote ! Arrête de t'attendrir comme ça nom d'un croissant de lune ! Ok tu dois te trouver un mâle, mais c'est pour ça qu'il faut ressentir des... Choses. Tu l'connais même pas !


Une fois présentable, j'prends une longue inspiration avant de retrouver mon "invité" qui n'avait pas bougé de mon lit. Lorsqu'il me voit, un sourire égaye son visage. Alors ça, ça ne me dit rien qui vaille…


- Dis, je pensais à un truc... Ca te dirais d'aller boire un café en ville un de ces jours ?
Et voilà ! Je l'avais dit que ça sentait pas bon.
- J'suis pas très sociable tu sais... Pis j'ai du boulot, une maison à construire, un jardin à entretenir, pas beaucoup d'argent en poches et... et...
Vite Lica trouve une autre excuse pour ne pas accepter !
- Tu me dois bien ça, j't'ai sauvé la vie quand même me dit-il en souriant.
- Tu crois pas que t'exagères un peu là ?
- Je suis prêt à employer toutes les excuses possibles que tu acceptes.

Encore ce regard qui me remue les tripes...
- D'accord j'accepte, mais seulement parce que c'est la seule façon que j'ai de te remercier.
- Ca me va. Vendredi tu es libre ?
- Oui c'est ma journée de repos.

- Parfait ! J'te file mon numéro au cas où tu aurais un empêchement...Ou que tu changes d'avis ajoute t-il en me faisant un clin d'oeil. Au faite, je m'appelle Eric Faure !
Nous échangeons donc nos numéros puis il prend congés, ce qui me soulage autant que ça me fiche les boules.


Pour ne pas penser à ce que j'viens d'accepter, j'cours un peu partout pour trouver des trésors que j'pourrais vendre et ainsi, remplir mon compte en banque. Au final, non seulement je me suis remplie les poches, mais j'ai pu aussi m'offrir 4 murs et un toit. C'est pas l'grand luxe, mais j'avance !


La journée se termine par l'arrosage des plantes, et bien évidemment mon esprit en profite pour me remettre sous le museau les images de la journée.


Une en particulier ne cesse de revenir : Eric Faure.

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